lundi 13 septembre 2010

Jour 6 : Vienne, capitale d‘un empire


Réveillés vers 9h, il faut le temps de remplacer le rhum encore contenu dans nos veines par des aliments solides. On part en balade pour visiter Vienne, ancienne capitale de l’empire Austro Hongrois, et siège du règne des Habsbourg pendant 600 ans, maintenant capitale de l’Autriche. Il faut 30 minutes pour rejoindre le centre depuis l’auberge de jeunesse, et ça nous permet de voir le métro local. Propre. Immaculé. Avec en prime des journaux gratuits suspendus partout, que les gens lisent AVANT DE LES REMETTRE A LEUR PLACE. Pire, dans l’escalator, tout le monde se range à droite pour laisser passer les personnes pressées.

Arrivés au Stephansdom, le Duomo du coin, on fait un tour à l’intérieur. 4,5€ pour monter dans le clocher, même somme pour voir les parties intéressantes ou la crypte. En 5 minutes, Vienne nous fait déjà regretter Prague, si accueillante et chaleureuse. Qu’à cela ne tienne, tant qu’on peut rigoler, on part pour l’opéra, l’Albertina et la Neue Burg. Les rues s’espacent, l’architecture devient très classique, nous voilà revenus dans une capitale-vitrine, comme Paris l’est. Une stabilisation précoce de l’empire autour de la ville et la longévité de règne des Habsbourg ont permis d’organiser et de structurer les constructions en harmonisant le style. Par contre les femmes ont l’air beaucoup plus distantes que les souriantes tchèques. C’est aussi le signe d’une civilisation au même niveau que la France.

Sur la place de la Neue Burg, on fait de l’histoire : c’est la statue d’Eugène de Savoie qui trône ici, français venu se battre avec les Autrichiens et qui a repoussé la dernière invasion ottomane de l’empire. Il s’est payé un château, le Belvédère, que les Habsbourg ont racheté après sa mort parce qu’il leur faisait de l’ombre. On appelle ça le panache. Voir un compatriote placé là, ça nous met du baume au cœur. Même s’il s’était enrôlé parce qu’on ne voulait pas de lui dans l’armée de Louis XIV. Devant la statue de Mozart, on est pris en photo par un touriste qui oublie de prendre Mozart avec nous, mais c’est l’idée qui compte.

En descendant ces belles places, on arrive sur celle de l’hôtel de ville. Haut de 96 mètres, d’un néo baroque majestueux, il en impose. On rentre dedans, parce que le thème de la journée est d’ouvrir toutes les portes qu’on peut. La seconde cour intérieure mène à des escaliers gigantesques, qui donnent sur des séries de portes. Ce sont les escaliers d’honneur, aux grandes marches ornées d’un tapis rouge. L’une des portes du haut n’est pas fermée à clé… L’ouvrir est un jeu d’enfant pour un Samy en pleine forme, et derrière se trouve la salle des fêtes principale, longue de plus de 60 mètres, intégralement ornée de dorures, de tableaux et de lustres. Vide aussi, le temps d’une photo avant qu’un gardien ne nous demande gentiment de sortir. Mais nous n’avons pas encore vu le second escalier… Identique au premier, il mène à une salle de plus petite taille (on y rentrerait à peine à deux ou trois cent), dans laquelle trônent les portraits des maires successifs de la ville depuis la création de l’hôtel de ville. La porte était ouverte, impossible de nous reprocher quoi que ce soit, si ce n’est une série de photos très classe.

Il est temps de penser à la question de manger. Un mac Do en face de l’université fait plus qu’amplement l’affaire. A peine Smoule se lève t il pour aller aux toilettes que l’on s’empresse de jeter son plateau, à la boisson encore pleine. Ces autrichiens sont au-delà de ce que l’on en dit en fait. Plantés comme des piquets quand le feu est rouge, même sans l’ombre d’une voiture en vue, les placides mangeurs de Strüdel respectent toutes les règles. D’ailleurs il ne doit pas leur sembler concevable de faire autrement. Cette façon de vivre, dénuée de toute originalité et de folie est une absurdité troisième reichesque qui nous paralyse. Aucun contrôle pour les billets dans le métro bien entendu, il serait complètement absurde que quelqu’un s’amuse à rentrer dedans sans billet.

Dans la vie, tout est question de choix disait Pierre Desproges. L’albertina et sa collection d’estampe de maitre, la plus grande du monde, ou le musée du tabac ? La réponse est évidente. Malheureusement le musée du tabac a fermé trois ans plus tôt nous apprend une guichetière qui prend en pitié nos lunettes assorties. Plutôt que de nous orienter vers les musées gratuits d’art contemporain (« Installations et lumières », le feuillet de présentation montrait une photo de deux néons croisés… Une autre fois peut être ?), elle nous conseille le belvédère. Un jardin à la française et des statues en face de palais, c’est dans nos cordes.

Le joli chemin qui mène au Belvédère passe par 2 Maserati et un nombre impressionnant de Porsche et d’émirs. Serait-ce un quartier riche ? Cela nous fait penser que l’inventeur de la capsule de bouteille est très riche aujourd’hui, et qu’il faudrait trouver quelque chose dans le genre pour se payer de belles voitures. Malheureusement, n’est pas inventeur qui veut et nos recherches restent infructueuses. Et puis de toute façon on arrive encore à une église, Karlskirsche.

Colonnes, scènes de vies gravées dans la pierre, coupole peinte, chef d’œuvres vus en deux coups de cuillère à pot, on part voire les beaux palais et les jardins qu’Eugène de Savoie avait commandé. Le français a une très nette tendance à faire le mariole à l’étranger, et celui-ci ne déroge pas à la règle. Des statues de terribles animaux comme l’hippopodile, mi hippopotame, mi crocodile, combattent des barbares dans les fontaines. Des Sphinx et quelques scènes de combat entre humains et satires complètent la déco des jardins à la française, entre les 2 palais surchargés de sculptures qui abritent aujourd’hui moultes musées fermés à cette heure. Les pieds ne nous font pas encore assez mal pour ne pas faire des photos avec les lunettes achetées plus tôt, mais c’est fourbus et éreintés que nous regagnons nos pénates pour un repos agrémenté d’un nombre, raisonnable cette fois ci, de bières.

Le diner est composé des plats tchèques que nous n’avons pas encore goutés. Parmi les pasteton horribles traine une boite de poulpes. Notre légère appréhension se transforme en effroi une fois le couvercle soulevé. Les mollusques, violets et mornes, attendent sagement, les tentacules gluants et la tête fourrée d’ail. Une fois ouverts, le contrat stipule que l’on doit finir le plat avant la fin du repas. A tour de rôle, nous en gobons et sentons le caoutchouc se déchirer lentement tandis que l’ail sort de la tête et que les tentacules caressent les papilles en se mélangeant dans la bouche. C’est un passage difficile, mais le goût est supportable. L’estomac douloureux, nous ravalons notre salive et allons mettre fin à une journée chargée. Nous décidons de partir de Vienne le lendemain pour aller voir Schönbrunn, Bratislava et arriver à Budapest le soir. Sans rien avoir prévu d’autre qu’une réservation d’auberge de jeunesse.

Mollusques : 1 ; Houle : 0

dimanche 8 août 2010

Jour 5 : Départ de Prague, Vienne et le golf


Note : la couronne Tchèque, qui vaut 1/25è d’euro, est ici remplacée par diverses monnaies aux noms plus marrants.

C’est le moment de partir de Prague, qui nous laisse une série de souvenirs mémorables. Seulement la ville décide de ne pas se laisser quitter aussi facilement. Le check out effectué promptement, nous nous dirigeons vers un écueil imprévu : un supermarché. Deux heures dans ce Tesco, à essayer tous les produits et limiter nos dépenses, encerclés par tant de produits inconnus que nous devons absolument acheter. Surtout quand les boites ne possèdent pas d’images et qu’on ne comprend pas du tout ce qu’elles contiennent. Notons tout de même, ce qui a de l’importance pour la suite, l’achat groupé de 3 paires de lunettes de soleil identiques. Un achat qui va s’avérer très utile.

Avec déjà deux heures de retard sur le planning, nous allons payer le parking pour enfin partir. Il manque 100 kopeks pour faire le bonheur du gardien. Cet homme est aimable comme une porte de goulag en plein cœur de la Sibérie. Nous allons retirer la somme demandée en le maudissant, et dépensons le surplus en cigarettes. Nos poumons vont sortir de ce voyage légèrement fatigués. Le plein fait, la voiture bourrée de nourriture Tchèque dont différents camemberts, des pâtés très peu chers et des poulpes à l’ail, nous partons enfin et laissons Prague à son hyperactivité fourmillante de vie.

Sur la route, nous passons la frontière Autrichienne, en direction de Vienne. Une étape à Cracovie était prévue au départ, mais trop de voiture tue la voiture et ce crochet nous empêchait de profiter de la Croatie et de Budapest, destinations aussi au programme. 100 mètres après la frontière Autrichienne, le paysage change. Les champs, cultivés au carré, la terre égalisée et la campagne bien découpée ont des airs de Beauce. En Tchéquie, rien de semblable, le pays n’a pas les mêmes moyens, et la discipline autrichienne ne ressemble pas au bazar ambiant qui se dégage des villes tchèques.

Avant d’arriver nos ventres réclament un déjeuner typiquement tchèque, et nous leur offrons. Les boites de pâté à 10 sesterces et le fromage mou à 15 roubles nous troublent : les premiers prix français sont mangeables. Pas les premiers prix tchèques. Seules les Chips gout pickles belges et le pain, qui n’est pas de premier prix, apportent un peu de réconfort dans cet enfer. Bien entendu, étant des élèves de la vieille école, nous ne jetons aucun plat avant d’avoir fini la boite entière. S’ensuit une danse de guerre sur le bord de la voie rapide, au son de TTC. Les voitures qui passent ne semblent pas comprendre la portée totémique et cathartique d’une telle action, mais de toute façon, c’est soit ça soit vomir tout le repas.

L’arrivée à Vienne, vers 18 heures, est un soulagement. L’auberge de jeunesse est surprenante : nous rentrons dans une allée en haut d’une colline, bordée d’un palais et de plusieurs Porsche Cayenne. Nous avons une chambre de 5 lits réservée pour trois, pour la modique somme de 15 euros par personne et par nuit. Légèrement éloignés du centre, nous jouissons d’une vue imprenable sur Vienne et d’un mini-golf. Un mini golf annonce, comme tout le monde le sait, une partie de picolo-golf, ce jeu si sympathique qui consiste à picoler en jouant au golf !

Nous n’avons pas assez pour payer les trois clubs avec les balles, mais le jovial portier nous fait une fleur. Nous l’avons amadoué avec nos moustaches et nos blagues, qu’il ne semblait pas comprendre. Cela nous rappelle que les autrichiens, comme les allemands, sont un peuple chez qui l’humour est une qualité aussi utile que des bras à un manchot : ils ne savent vraiment pas quoi en faire.

Quand ce déconneur de Zoule propose à ce brave autrichien de ranger nos fromages dans le bac frigorifique de l’auberge, à coté des glaces payantes, il ne semble pas comprendre le trait d’humour. Nous abandonnons l’idée de le faire rire en nous rappelant les figures les plus connues du pays : les gouailleurs Freud, Mozart et Hitler. Nous le laissons à ses stylos et partons déguster nos bières tchèques sur le terrain de golf. Ce qui devait être une rapide partie avant une visite de Vienne tourne vite à la débâcle…

La première bière en appelant une seconde, et la seconde appelant la bouteille de rhum tchèque, les règles évoluent vite. Le premier arrivé à finir un trou distribue autant de gorgées que l’écart de coups le séparant du dernier, à son bon vouloir. Le second choisi le trou suivant, et recommence à jouer. En cas d’égalité premier/deuxième, le troisième arrivé boit le double de gorgées du nombre de coups le séparant des deux autres. En cas de triple égalité, chacun boit trois gorgées. La nuit tombée, les balles se perdent vite dans les buissons, et à la fin de la partie nous rendons seulement deux balles au gardien, qui ne sont même pas celles d’origine. Décidément, les français sont infréquentables !

La soirée s’achève doucement, en profitant de la vue de Vienne la nuit. Mais le réveil risque d’être fort difficile, le rhum tchèque étant aussi utilisé pour faire friser les blonds et pour démarrer les tronçonneuses. Il nous a pris en traitre, ce pendard, et la visite de Vienne devra attendre le lendemain.


Picolo-golf : 1 ; Houle : 0. A quand une victoire de la houle ?


Jour 4 : La vie pragoise sur la rive gauche de la Vltava.


Autant le dire franchement, le réveil fut difficile pour nos trois acteurs. Leurs ronflements n’ont pas du être très appréciés par leurs nouvelles voisines, des françaises. Quand Moule leur demande si le niveau sonore était resté acceptable, la réponse vaut son pesant de cacahouètes : « non non, mais on a été un peu surprises par les chaussures dans le congélo tout de même ! ». Raclement de gorge, grand éclat de rire, et retrouvailles avec les chaussures congelées qui sont mises au soleil immédiatement.

Le temps d’ouvrir les yeux et de manger, il est presque midi quand on part à l’aventure, le ventre encore légèrement barbouillé. Nous revoyons la grotte boueuse, c’était vraiment une idiotie de rentrer dedans. Et le muret aussi, qui fait 3 mètres de haut en fait. La route passe par le quai Masaryk, premier président de la Tchéquoslovaquie. Les bâtiments de plusieurs couleurs et plusieurs styles se côtoient agréablement. Les immeubles de la ville sont soit blancs soit dans des tons pastel, avec des toits de tuiles rouges les complétant, à 4 ou 5 étages de hauteur. Un ensemble hétéroclite et architecturalement anarchique, mais le résultat est vraiment joli.

Aujourd’hui, on se dirige vers l’hôtel de ville et la place Wenceslas, pour voir le musée national tchèque. De belles églises se suivent sur la route, mais le plus important c’est bien sur le Hooters à coté de l’hôtel de ville. Agatha nous permet de passer un très bon moment dans un restaurant qui fournit des sauces ketchup typiquement du coin. Le livre d’or possède désormais lui aussi le numéro de ce bon Valentin.

Les champs Elysées du coin, la place Wenceslas et ses nombreux « cabarets », qui sont en fait des bordels, est le centre de la vieille ville, et on en profite pour visiter le musée national. Impressionnant de l’extérieur, l’intérieur est très joli mais d’un ennui mortel. 10 salles de cailloux, 5 d’hommes préhistoriques sans traduction des panneaux explicatifs, et une tripotée d’animaux empaillés, c’est faible. Heureusement, il y a un mammouth et un éléphant dans le tas, et puis des okapis et des bizarreries du même style qui nous permettent de faire nous divertir. Toutes les statues du coin sont moustachues, on en conclut donc que pour devenir connu il faut avoir une moustache. Ca tombe bien, les nôtres poussent toujours plus.

La balade continue, et nous revoyons le pont Charles et la place de la vieille ville, à l’ambiance si particulière, oppressante et vivante, pleine de mythes et de légendes. En continuant de marcher, on accède à plusieurs jolies vues de la Vltava en plein soleil, et a un bar irlandais qui nous vend un mojito cher et vraiment immonde. Rater un mojito, il faut se lever tôt pour y arriver, mais les tchèques n’ont peur de rien et oublient de piler la glace et de mettre assez de rhum. Une catastrophe ce truc.

Après cette bonne expérience qui nous a au moins permis de trouver un wifi pour se repérer, nous rentrons en nous arrêtant dans un resto chinois pour boire une pinte et manger un coup. Du rhum des femmes et du schnaps pour s’endormir en fêtant l’anniversaire de Zoule, c’est tout ce qu’il faut pour faire une houle heureuse. Sans femmes, et avec très peu de rhum, ce n’était pas Byzance mais la fête était là. Couchés assez tôt, on allait enfin pouvoir se reposer. Du moins, c’est ce qu’on croyait…

vendredi 6 août 2010

Jour 3 : Prague : églises, château et absinthe !


Il y eut un soir, il y eut un matin, ce fut le troisième jour. Au chant du coq, nos valeureux héros ouvrirent un œil apathique sur la réalité qui les entourait. Les Finlandais qui leurs tenaient compagnie n’avaient aucune manière, et leur bruit incessant finit même par les réveiller tout à fait. Il n’en fallait pas plus pour commencer cette journée d’anthologie. Une rapide douche et un petit déjeuner agrémenté de ce que les tchèques se targuent d’appeler du jus d’orange et du café, en fait deux variantes assez similaires de l’eau du robinet, finissaient de sonner la charge héroïque.

Un ciel couvert et une fine pluie accompagnaient les guerriers lorsqu’ils partirent à la découverte de l’antique cité de Prague. Sans parapluie s’entend, car les vrais hommes ne s’arment pas de gadgets aussi ridicules. Un tramway pointa le bout de son nez, et l’appel du voyage se fit trop fort. Partis sans savoir où le destin allait les mener (souvenons nous que le tchèque est une langue aussi indéchiffrable que le chinois, et que les panneaux expliquant le réseau de transport en commun sont plus qu’abscons), ils longèrent la Vltava sur sa rive gauche en remontant vers Mala Strana, sur les conseils d’un aimable citadin qui sentait le goulash.

Saint Nicolas, au cœur de ce quartier magnifique, tendait les bras aux touristes après leur découverte de la place Mala Strana et de l’hôtel de ville. Remplie de ces angelots et de ses saints bardés d’armes, dont la redoutable sainte grenade et le canard de l’apocalypse, cette église baroque surplombant la ville basse en dessous du château s’avéra un bijou inestimable. Paul Claudel disait en parlant de ce lieu : « Saint Nicolas est une action de grâce… où tout est paix, joie et éclats de rire ». Bien sur il ne devait pas avoir vu la statue de l’ange à la claymore qui s’apprête à décapiter un esclave attaché, mais laissons le là. Et ce n’était que le début…

La montée par la rue Nerudova vers le château apporta son lot de découvertes, l’ensemble architectural coloré et varié bordant ses rues, pittoresque et imposant à la fois, ne ressemblait à rien que nos jeunes apollons eussent déjà vu. Trop d’endroits où poser les yeux, trop de jolies pragoises, tout cela était fort dépaysant. La visite du quartier Hradcany, en face du château, jusqu’au palais Czernin et à notre dame de Lorette, reste dans le ton. Prague envoie du pâté, de la rillette, et même les cornichons à mettre dessus. Pas étonnant que les nazis, amateurs de belles choses, aient fait du palais Czernin la résidence du protecteur de Bohème Moravie pendant la guerre. Bref, la pluie s’intensifiant et la faim se faisant sentir, il fallu faire une étape avant de visiter le château.

Descendant la longue série de marche qui s'alignait devant eux, leurs yeux déjà ébahis tombèrent sur une auberge médiévale, la cerise sur le gâteau d'une matinée chargée en découvertes. Peaux de renards sur les murs, paille au sol et laine de mouton en guise de coussins, des chandelles rendant l'atmosphère étouffante au possible, il ne manquait rien. Pas même les publicités racoleuses annonçant que Mozart et autres célébrités avaient tapé leurs choppes aux tables solides de ladite auberge. Une soupe à l'ail et aux patates, accompagnées de pain chaud, de fromage et d'une choppe de l'omniprésente Pilsner Urquell tchèque ne pouvaient pas mieux tomber. Slurpant et rotant d'aise, sommés de mal se tenir, nous le fîmes avec un certain talent.

Il n'en fallait pas plus. Le moteur rempli, une séance de culture s'imposait. Le château dans son ensemble, bien que haut perché, ne résista pas à cette soif de savoir. Les plantons à l'entrée titillés comme il se doit, la cathédrale Saint Guy attendait. Moule annonça alors à une fille passant sous la rambarde: "Alors, on coupe la queue?", pour l'entendre répondre un timide "mais y a pas de queue!" qui nous a bien fait marrer en entrant. La visite étant payante, un petit détour vers la case billetterie suivie de visites tout ce qu'il y a de sérieux. Enfin presque évidemment.

Finies les visites, fini le château, vue panoramique et pont Charles, nous voilà! En évitant les gouttes parce que le pantalon de Moule devient transparent lorsqu'il est mouillé. C'est gênant quand des enfants sont à proximité. Pour ne pas faire la version longue, et Dieu sait qu'il s'en sont passées des choses, la place de la vieille ville que nous voyons après le pont et sur laquelle nous buvons une bière hors de prix (3 euros la pinte, du vol on vous dit) doit être l'un des plus beaux endroits jamais créés par l'homme.

Sonnent les 8 heures, la mort retourne son sablier sur l'horloge de la tour de l'hôtel de ville. Le contrat est simple. Les bars ferment à minuit, nous avons 4 heures pour nous amuser avant de rentrer. Direction: un bar. Après une autre pinte de Pilsner Urquell, direction le KFC le plus proche pour se souvenir de celui de la veille. Et ceci fait, nous retrouvons magiquement le Buldoka, ce bar où les boissons alcoolisées coutent moins cher que l'eau. Et d'annoncer promptement au serveur: "One ricard for me and two for my loutes!". Visiblement décontenancé, Zoule lui montre la bouteille, dont il nous sert trois verres. Sans eau, alors il faut lui en demander. Et il nous la sert gazeuse... Qu'a cela ne tienne, le ricard pétillant a son charme aussi!

Pour un euro, on aurait tort de se priver: les bières alternent avec les absinthes et le rhum tchèque a un rythme effréné. Rigolant comme des baleines tout du long, et multipliant les ordres au serveur qui les comprenait de moins en moins, les têtes commencent à tourner pile au moment ou le pauvre homme nous annonce qu'il ferme. Contrat rempli, à minuit la houle tend le drapeau blanc et finit sa bière avant de repartir. Sur la route se trouvait un mur sur lequel marcher s'est avéré un réel plaisir, presque autant que de l'escalader pour redescendre 200 mètres plus loin. Il y avait une grotte boueuse aussi. Pourquoi rentrer dedans si elle était boueuse? A ces moments là, on ne se demandait pas grand chose. Rentrés dans la chambre, il nous faut nettoyer les chaussures pleines de boue... Et pour les sécher, quoi de mieux que les mettre au congélateur? C'est ce que nous avons du penser, parce que c'est là qu'elles se trouvaient le lendemain.

Une journée magnifique prenait fin, nos six yeux voyaient une douzaine de plafond et le voyage s'annonçait de plus en plus grandiose. Le lendemain, la visite de la rive droite est au programme. Si nous arrivons à nous réveiller bien sur!

Absinthe: 1, houle: 0.

mercredi 4 août 2010

Jour 2 : Marburg - Dresde - Prague.


8 heures du matin, tout le monde sur le pont. Enfin, 8h30 parce qu’il ne faut pas abuser tout de même. Après les achats classiques pour le petit déjeuner et la préparation du départ, un peu de folie: des courses! Interdiction d'acheter des produits connus, le puttenfleish, lapfelwein et le camembert au champignons seront du reste du voyage. La journée prend son envol.

Le plein fait, le petit dèj pris, nous laissons notre hôte dont la sympathie et l’insolent décolleté ont illuminés notre journée. On a décidé d’aller à Dresde, parce qu’on a un plan et qu’il semble que ça soit joli comme ville. Les 4 heures de voiture se passent sans encombre, la fin de la traversée de la saxe est magnifique, pleine de petits vals qui moussent de rayons. Fait notable, un corbillard nous double à 200 à l'heure sur les autoroutes sans limitations de vitesse. Ca sent le sapin.

Dresde nous acceuille, ses publicités pour des groupuscules nazis et son centre historique qui en fait la Florence de l’Elbe (merci le guide). Arrivés sur le pont Auguste, s'offre à nous la vision enchanteresse de la vieille ville. Le château en face, la cathédrale à droite que nous nous empressons de visiter -non sans avoir fait quelques photos des chevaux qui se trouvent devant-, tout cela est très bien.

le point d'orgue de cette courte visite, c'est sans aucun doutes le Zwinger. Ensemble architectural de maboule, on en prend plein la vue. Et le piège à touristes où il faut mettre des pièces pour faire sonner des cloches, nous le remplissons simplement d'eau puisée au bassin. Un cuisant échec, encore une fois, mais les pucelles en habits d"époque nous remontent le moral.

Epuisés par de tels efforts, un bar local nous tend les bras. Le Shamrock, où nous prenons la plus typique des bières allemandes: la Guinness. Décidément les produits des autochtones ont un gout de déjà vu assez étrange. A 18h30, départ pour Prague après deux heures trente de visite de Dresde (largement assez si on ne va jamais dans les musées).

Paysage au relief irrégulier et vierge de toute civilisation, nous entrons en République Tchèque, terre de légendes et de mystères. Une descente nous permet de rester 5 minutes à 110 kilomètres heure au point mort, un bon délire. A la fin de la descente, début des panneaux en Tchèque. Pour ceux qui l'ignoreraient, l'alphabet se compose de 34 lettres, assez pour rien piger du tout, surtout en l'absence de carte du pays. Les choses commencent à être vraiment folkloriques quand, arrivés à Prague, nous cherchons l'auberge de jeunesse à l'aide d'une carte en dessin indiquant les Mac Donalds de la ville.

Il nous faut maintenant nous sustenter. Pour tester les aliments Tchèques, nous entrons dans un KFC. Le bucket de 30 ailes de poulet grillées aura notre peau: avant d'atteindre la vieille ville, nous capitulons et nous retrouvons dans le bar buldoka, où la bière coute un euro et l'absinthe coule à flots. Le vainqueur de la journée est ce dernier KFC, qui, malgré les contre-indications de la toujours prudente Moule, nous a mis le ventre à l'envers.

Sortis du bar de force à minuit, heure de la fermeture, nous rentrons et réveillons les voisins de la chambre avant de dormir enfin. KFC: 1; Houle: 0.

LA SUITE AU PROCHAIN EPISODE, ET IL FAIT MAL LE SUIVANT!!

lundi 2 août 2010

Jour 1 : Le départ – Marburg – Où l’on apprend l’Allemand


Dimanche matin à 9 heures, notre expédition est parée. En vrac, la voiture contient 5 chapeaux, 4 paires de lunettes de soleil, un girophare, 2 kilts, un marcel, une glacière, un ballon de rugby, des tongs et un bonnet péruvien, sans oublier les immanquables boules de pétanque et 40 cédés pour s’occuper. Notre attirail est complet. Prêts à conquérir l’Europe nous n’oublions pas un drapeau de notre chère France, mis en évidence sur la banquette arrière.

Direction Marburg, charmante petite ville étudiante de la Hesse et de 78 000 âmes avec son château, où nous attend une amie Erasmus. Premiers embouteillages, premières conneries : fenêtre ouverte, de l’accordéon à fond les ballons, casquette ricard et lunettes de soleil vissées sur la tête, nos voisins allemands ont l’air d’apprécier la culture française.

14h30 : arrivée à Marburg, très jolie ville décidemment, déposage des affaires et début de la visite.

15h00 : Surprise, la pinte coute 3,4€ ! C’est parti pour une tournée, à coté de la mairie.

Cela nous permet d’étudier l’autochtone. L’autochtone a l’air rude, boit de la bière, parle allemand malheureusement pour lui, et n’inspire pas la confiance. En même temps il est teuton, on peut lui pardonner. ElizabethenKirsche, première église gothique allemande, nous a plus, mais pas autant que les ascenseurs disposés stratégiquement dans la ville. On les prend deux fois, pour être surs d’en avoir profité.

Et l’ascension commence vers le château, perché sur sa colline. Haut sur sa colline. Tres haut. On profite d’une belle vue, et surprise, un T shirt jaune pétant n’attend plus qu’un propriétaire pour le porter ! Zoule s’en empare. Premier trophée de guerre. La résidence des margraves de Thuringe étant fermée, on est obligé de se rabattre sur le plan B (B pour bière).

Bar sur le Lahn, soirée bière « blonde », la pinte à 2,7€. Ne nous laissant pas abattre, on commande ce qui apparait être la bière la plus pleine de levure de notre vie : la mousse a la couleur du café, rien que ça, mais c’est une blonde... Un intéressant cours de langue allemande débute. Le saviez-vous ? Passoire se dit « siep », et contrairement à la croyance populaire, les allemands ont bien 10 doigts comme nous !

Durchwall, la diarrhée. Smoule et Moule mettent toute la journée à apprendre à compter jusqu’à 5 dans la langue locale. Pour acheter le pain et payer l’essence, les choses se présentent bien… mais la bière libère les langues et l’on en sait de plus en plus : gourmande : leckermaul, que faites vous ce soir : was macht sie heute abend. La serveuse a intérêt à s’accrocher, avec ces bases solides rien ne nous empêche de l’inviter. Mais si nous savons dire des mots dans la langue de Goethe, rien n’indique que nous la comprenons. Notre tentative d’invitation est un échec.

La faim se faisant sentir et après avoir réussi la prouesse d’uriner en une seule fois dans 5 urinoirs et 2 toilettes classiques (une nouvelle discipline est née, merci la bière), nous allons manger dans un restaurant traditionnel, que notre ravissante autant que sympathique hôte nous indique. L’enseigne affiche « Döner Kebap », jamais entendu parler, mais leur plats ressemblent vachement à des kébabs quand même.

Retour au bercail où des vrais lits nous attendent, fournis par la toujours plus joviale Rahel, à qui nous apprenons les délices du jeu « vodka oder Wasser ? », ou un arbitre doit déterminer quelle personne vient de boire de la vodka. Les subtilités de ce jeu de haut-vol ne lui échappent pas, et tout le monde va se coucher après une journée forte en émotions et en apprentissages. Demain, visite de Dresde et arrivée à Prague pour dormir, autant bien se reposer.

En fil rouge du voyage, interdiction de se raser la moustache pendant 20 jours. Et il ne faut pas oublier de mentionner que nous nous sommes lavés les dents avec les brosses à dents des colocataires de Rahel. Un passage mémorable.

A demain pour de nouvelles aventures !

jeudi 15 juillet 2010

La HOULE



Mais qui sommes nous?

Un tentative de définition du phénomène aujourd'hui classique de regroupement clanique qui nous concerne est difficile. Procédons progressivement

QUOI?

La houle est l'association hétéroclite des personnes aux affinités particulières. Mais elle possède des caractéristiques prégnantes qui dépassent le simple groupe de potes.
Tout d'abord, on ne devient pas membre. On nait membre. La houle pré-existe de tous temps, les grands anciens se regroupaient sous sa bannière et aujourd'hui nous en sommes les adeptes. Au fil des rencontres, au gré des soirées, et avec de la chance, l'association a commencé.

mercredi 7 juillet 2010

Comment et pourquoi l'on décide de s'en aller



Ah, le groupe uni de vacanciers modèles que nous formons... SPOILER ALERT: Ce qui suit révèle l'intrigue de la vie future de trois des personnes présentes sur cette photo. Viewer discretion is advised.