lundi 13 septembre 2010

Jour 6 : Vienne, capitale d‘un empire


Réveillés vers 9h, il faut le temps de remplacer le rhum encore contenu dans nos veines par des aliments solides. On part en balade pour visiter Vienne, ancienne capitale de l’empire Austro Hongrois, et siège du règne des Habsbourg pendant 600 ans, maintenant capitale de l’Autriche. Il faut 30 minutes pour rejoindre le centre depuis l’auberge de jeunesse, et ça nous permet de voir le métro local. Propre. Immaculé. Avec en prime des journaux gratuits suspendus partout, que les gens lisent AVANT DE LES REMETTRE A LEUR PLACE. Pire, dans l’escalator, tout le monde se range à droite pour laisser passer les personnes pressées.

Arrivés au Stephansdom, le Duomo du coin, on fait un tour à l’intérieur. 4,5€ pour monter dans le clocher, même somme pour voir les parties intéressantes ou la crypte. En 5 minutes, Vienne nous fait déjà regretter Prague, si accueillante et chaleureuse. Qu’à cela ne tienne, tant qu’on peut rigoler, on part pour l’opéra, l’Albertina et la Neue Burg. Les rues s’espacent, l’architecture devient très classique, nous voilà revenus dans une capitale-vitrine, comme Paris l’est. Une stabilisation précoce de l’empire autour de la ville et la longévité de règne des Habsbourg ont permis d’organiser et de structurer les constructions en harmonisant le style. Par contre les femmes ont l’air beaucoup plus distantes que les souriantes tchèques. C’est aussi le signe d’une civilisation au même niveau que la France.

Sur la place de la Neue Burg, on fait de l’histoire : c’est la statue d’Eugène de Savoie qui trône ici, français venu se battre avec les Autrichiens et qui a repoussé la dernière invasion ottomane de l’empire. Il s’est payé un château, le Belvédère, que les Habsbourg ont racheté après sa mort parce qu’il leur faisait de l’ombre. On appelle ça le panache. Voir un compatriote placé là, ça nous met du baume au cœur. Même s’il s’était enrôlé parce qu’on ne voulait pas de lui dans l’armée de Louis XIV. Devant la statue de Mozart, on est pris en photo par un touriste qui oublie de prendre Mozart avec nous, mais c’est l’idée qui compte.

En descendant ces belles places, on arrive sur celle de l’hôtel de ville. Haut de 96 mètres, d’un néo baroque majestueux, il en impose. On rentre dedans, parce que le thème de la journée est d’ouvrir toutes les portes qu’on peut. La seconde cour intérieure mène à des escaliers gigantesques, qui donnent sur des séries de portes. Ce sont les escaliers d’honneur, aux grandes marches ornées d’un tapis rouge. L’une des portes du haut n’est pas fermée à clé… L’ouvrir est un jeu d’enfant pour un Samy en pleine forme, et derrière se trouve la salle des fêtes principale, longue de plus de 60 mètres, intégralement ornée de dorures, de tableaux et de lustres. Vide aussi, le temps d’une photo avant qu’un gardien ne nous demande gentiment de sortir. Mais nous n’avons pas encore vu le second escalier… Identique au premier, il mène à une salle de plus petite taille (on y rentrerait à peine à deux ou trois cent), dans laquelle trônent les portraits des maires successifs de la ville depuis la création de l’hôtel de ville. La porte était ouverte, impossible de nous reprocher quoi que ce soit, si ce n’est une série de photos très classe.

Il est temps de penser à la question de manger. Un mac Do en face de l’université fait plus qu’amplement l’affaire. A peine Smoule se lève t il pour aller aux toilettes que l’on s’empresse de jeter son plateau, à la boisson encore pleine. Ces autrichiens sont au-delà de ce que l’on en dit en fait. Plantés comme des piquets quand le feu est rouge, même sans l’ombre d’une voiture en vue, les placides mangeurs de Strüdel respectent toutes les règles. D’ailleurs il ne doit pas leur sembler concevable de faire autrement. Cette façon de vivre, dénuée de toute originalité et de folie est une absurdité troisième reichesque qui nous paralyse. Aucun contrôle pour les billets dans le métro bien entendu, il serait complètement absurde que quelqu’un s’amuse à rentrer dedans sans billet.

Dans la vie, tout est question de choix disait Pierre Desproges. L’albertina et sa collection d’estampe de maitre, la plus grande du monde, ou le musée du tabac ? La réponse est évidente. Malheureusement le musée du tabac a fermé trois ans plus tôt nous apprend une guichetière qui prend en pitié nos lunettes assorties. Plutôt que de nous orienter vers les musées gratuits d’art contemporain (« Installations et lumières », le feuillet de présentation montrait une photo de deux néons croisés… Une autre fois peut être ?), elle nous conseille le belvédère. Un jardin à la française et des statues en face de palais, c’est dans nos cordes.

Le joli chemin qui mène au Belvédère passe par 2 Maserati et un nombre impressionnant de Porsche et d’émirs. Serait-ce un quartier riche ? Cela nous fait penser que l’inventeur de la capsule de bouteille est très riche aujourd’hui, et qu’il faudrait trouver quelque chose dans le genre pour se payer de belles voitures. Malheureusement, n’est pas inventeur qui veut et nos recherches restent infructueuses. Et puis de toute façon on arrive encore à une église, Karlskirsche.

Colonnes, scènes de vies gravées dans la pierre, coupole peinte, chef d’œuvres vus en deux coups de cuillère à pot, on part voire les beaux palais et les jardins qu’Eugène de Savoie avait commandé. Le français a une très nette tendance à faire le mariole à l’étranger, et celui-ci ne déroge pas à la règle. Des statues de terribles animaux comme l’hippopodile, mi hippopotame, mi crocodile, combattent des barbares dans les fontaines. Des Sphinx et quelques scènes de combat entre humains et satires complètent la déco des jardins à la française, entre les 2 palais surchargés de sculptures qui abritent aujourd’hui moultes musées fermés à cette heure. Les pieds ne nous font pas encore assez mal pour ne pas faire des photos avec les lunettes achetées plus tôt, mais c’est fourbus et éreintés que nous regagnons nos pénates pour un repos agrémenté d’un nombre, raisonnable cette fois ci, de bières.

Le diner est composé des plats tchèques que nous n’avons pas encore goutés. Parmi les pasteton horribles traine une boite de poulpes. Notre légère appréhension se transforme en effroi une fois le couvercle soulevé. Les mollusques, violets et mornes, attendent sagement, les tentacules gluants et la tête fourrée d’ail. Une fois ouverts, le contrat stipule que l’on doit finir le plat avant la fin du repas. A tour de rôle, nous en gobons et sentons le caoutchouc se déchirer lentement tandis que l’ail sort de la tête et que les tentacules caressent les papilles en se mélangeant dans la bouche. C’est un passage difficile, mais le goût est supportable. L’estomac douloureux, nous ravalons notre salive et allons mettre fin à une journée chargée. Nous décidons de partir de Vienne le lendemain pour aller voir Schönbrunn, Bratislava et arriver à Budapest le soir. Sans rien avoir prévu d’autre qu’une réservation d’auberge de jeunesse.

Mollusques : 1 ; Houle : 0

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